Le père, le pilier de la famille avec ses enfants

L’Islam a honoré le père en lui confiant une grande responsabilité dans l’éducation, la protection et la subsistance de ses enfants. Même si la mère est citée trois fois avant le père dans certains hadiths cela ne signifie pas que le père est relégué : au contraire, il est un pilier du foyer, souvent silencieux, mais essentiel.

Allah dit :

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وَوَصَّيْنَا ٱلْإِنسَٰنَ بِوَٰلِدَيْهِ إِحْسَٰنًا ۖ حَمَلَتْهُ أُمُّهُۥ كُرْهًۭا وَوَضَعَتْهُ كُرْهًۭا ۖ وَحَمْلُهُۥ وَفِصَٰلُهُۥ ثَلَٰثُونَ شَهْرًا ۚ حَتَّىٰٓ إِذَا بَلَغَ أَشُدَّهُۥ وَبَلَغَ أَرْبَعِينَ سَنَةًۭ قَالَ رَبِّ أَوْزِعْنِىٓ أَنْ أَشْكُرَ نِعْمَتَكَ ٱلَّتِىٓ أَنْعَمْتَ عَلَىَّ وَعَلَىٰ وَٰلِدَىَّ وَأَنْ أَعْمَلَ صَٰلِحًۭا تَرْضَىٰهُ وَأَصْلِحْ لِى فِى ذُرِّيَّتِىٓ ۖ إِنِّى تُبْتُ إِلَيْكَ وَإِنِّى مِنَ ٱلْمُسْلِمِينَ

Et Nous avons enjoint à l'homme de la bonté envers ses père et mère: sa mère l'a péniblement porté et en a péniblement accouché; et sa gestation et sevrage durent trente mois; puis quand il atteint ses pleines forces et atteint quarante ans, il dit: «O Seigneur! Inspire-moi pour que je rende grâce au bienfait dont Tu m'as comblé ainsi qu'à mes père et mère, et pour que je fasse une bonne œuvre que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité saine. Je me repens à Toi et je suis du nombre des Soumis».

Ce verset mentionne d’abord le devoir de bonté envers les deux parents, indiquant que le père est également concerné par cette obligation sacrée.

De nombreux prophètes ont été des modèles de pères dans le Coran :

Ibrahim (paix sur lui) supplie Allah pour ses enfants :

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رَبِّ ٱجْعَلْنِى مُقِيمَ ٱلصَّلَوٰةِ وَمِن ذُرِّيَّتِى ۚ رَبَّنَا وَتَقَبَّلْ دُعَآءِ

O mon Seigneur! Fais que j'accomplisse assidûment la Salât ainsi qu'une partie de ma descendance; exauce ma prière, ô notre Seigneur!

Ya‘qoub (paix sur lui), face à la perte de son fils Yusuf : Il fait preuve d’une immense patience, sagesse et foi, rappelant que les pères portent souvent leur douleur en silence pour protéger leur famille.

Luqman le Sage, bien que non prophète, est cité dans un passage magnifique où il enseigne la sagesse à son fils :

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وَإِذْ قَالَ لُقْمَٰنُ لِٱبْنِهِۦ وَهُوَ يَعِظُهُۥ يَٰبُنَىَّ لَا تُشْرِكْ بِٱللَّهِ ۖ إِنَّ ٱلشِّرْكَ لَظُلْمٌ عَظِيمٌۭ

Et lorsque Luqmân dit à son fils tout en l'exhortant: «O mon fils, ne donne pas d'associé à Allah, car l'association à [Allah] est vraiment une injustice énorme.»

Ce passage est une leçon de parentalité paternelle complète, où la foi, la morale et la bienséance sont inculquées avec tendresse et autorité.

Le Prophète ﷺ et son rapport à la paternité

Le Prophète Muhammad ﷺ était un père aimant et bienveillant. Il embrassait ses enfants et ses petits-enfants, les portait sur ses épaules, priait avec eux. Il disait :

« Celui qui n’est pas miséricordieux envers les gens, Allah ne sera pas miséricordieux envers lui. »
Boukhari, Muslim

Et à propos de l’éducation, il a dit :

« Aucun père n’a donné à son enfant un don plus précieux qu’une bonne éducation. »
Tirmidhi

Témoignages des pieux prédécesseurs

Al-Hassan Al-Basri (qu’Allah l’agrée), quand on lui demanda comment il avait acquis tant de piété, dit :

« J’ai vu mon père pleurer à la prière de l’aube, et j’ai appris à pleurer. »

Ce sont des pères pieux, constants, qui éduquent par l’exemple, pas seulement par les paroles.

Abd Allah ibn Omar (qu’Allah l’agrée), fils du calife Omar ibn Al-Khattab, disait :

« Mon père me faisait asseoir avec les savants, m’interrogeait et me corrigeait avec bienveillance. »

Ces récits illustrent à quel point le rôle éducatif du père était central dans l’environnement des premières générations musulmanes.

Et la fête des pères alors ? Innovation ou opportunité ?

Beaucoup s’interrogent : doit-on fêter la fête des pères ?

Il est vrai que les musulmans n’ont que deux fêtes : l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha, comme le dit ce hadith authentique :

« Chaque peuple a sa fête, et celle-ci est la nôtre. »
Boukhari, Muslim

Cependant, honorer ses parents n’est pas lié à une seule journée, mais tous les jours. Cela dit, profiter d’un jour civil comme la fête des pères pour offrir un cadeau, faire un geste d’amour, ou une invocation ne constitue pas une bida’a, tant qu’on ne l’élève pas au rang de culte ni qu’on l’impose religieusement.

Le célèbre savant Ibn Taymiyya disait à propos des habitudes culturelles :

« Ce qui est considéré comme coutume (‘urf), et qui ne contredit pas la religion, est toléré tant qu’on ne l’élève pas au rang d’acte cultuel. »

Et toi, qu’as-tu préparé pour ton papa ?

Rends-lui visite, appelle-le, offre-lui une parole douce, fais-lui une invocation sincère :

« Ô Allah, fais miséricorde à mon père comme il a pris soin de moi quand j’étais petit. »

Et si ton père est décédé, prie pour lui. Le Prophète ﷺ a dit :

« Quand le fils d’Adam meurt, son œuvre s’interrompt sauf en trois choses : une aumône continue, un savoir utile ou un enfant pieux qui prie pour lui. »
Muslim

En conclusion

L’amour pour le père ne se mesure pas en un seul jour, mais si une journée permet de raviver les liens, montrer de l’amour, éduquer les enfants au respect du père, évoquer les devoirs parentaux, alors profitons-en… sans tomber dans l’excès.

N’oublie pas : Le plus beau cadeau pour ton père, c’est ta piété, tes invocations, et ta gratitude constante.