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Louange à Allah, que les regards ne peuvent atteindre, devant qui les cœurs s’inclinent, et au souvenir de qui les âmes s’apaisent… Louange à Celui qui a placé dans la pureté des cœurs une vie et un bonheur, et dans leur clarté une intimité et un salut.
Nous attestons qu’il n’y a de divinité qu’Allah, Seul sans associé, et que Muhammad est Son serviteur et Messager, envoyé en miséricorde pour les mondes, purificateur des âmes, épurateur des cœurs. Que la prière et la paix soient sur lui, ainsi que sur sa famille et ses compagnons.
Serviteurs d’Allah, Je vous recommande ainsi qu’à moi-même, pauvre pécheur, la crainte révérencielle d’Allah (taqwa), car c’est le conseil d’Allah aux premiers comme aux derniers. Il dit :
36وَلَقَدْ بَعَثْنَا فِى كُلِّ أُمَّةٍۢ رَّسُولًا أَنِ ٱعْبُدُوا۟ ٱللَّهَ وَٱجْتَنِبُوا۟ ٱلطَّٰغُوتَ ۖ فَمِنْهُم مَّنْ هَدَى ٱللَّهُ وَمِنْهُم مَّنْ حَقَّتْ عَلَيْهِ ٱلضَّلَٰلَةُ ۚ فَسِيرُوا۟ فِى ٱلْأَرْضِ فَٱنظُرُوا۟ كَيْفَ كَانَ عَٰقِبَةُ ٱلْمُكَذِّبِينَ
Nous avons envoyé dans chaque communauté un Messager, [pour leur dire]: «Adorez Allah et écartez-vous du Tâgût». Alors Allah en guida certains, mais il y en eut qui ont été destinés à l'égarement. Parcourez donc la terre, et regardez quelle fut la fin de ceux qui traitaient [Nos messagers] de menteurs.
Et Il dit à propos de la mission du Prophète ﷺ :
2هُوَ ٱلَّذِى بَعَثَ فِى ٱلْأُمِّيِّۦنَ رَسُولًۭا مِّنْهُمْ يَتْلُوا۟ عَلَيْهِمْ ءَايَٰتِهِۦ وَيُزَكِّيهِمْ وَيُعَلِّمُهُمُ ٱلْكِتَٰبَ وَٱلْحِكْمَةَ وَإِن كَانُوا۟ مِن قَبْلُ لَفِى ضَلَٰلٍۢ مُّبِينٍۢ
C'est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre (les Arabes) un Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu'ils étaient auparavant dans un égarement évident,
Le cœur… Ce cœur
Le cœur… Oui, c’est de lui que nous parlerons aujourd’hui.
Ce petit organe dont le Prophète ﷺ a dit :
« En vérité, dans le corps se trouve un morceau de chair : s’il est sain, tout le corps est sain ; et s’il est corrompu, tout le corps est corrompu. C’est le cœur. »
Hadith authentique – al-Bukhârî et Muslim
Combien de fois l’homme traverse des journées où il possède tout… sauf son cœur !
Il bouge, il parle, il sourit, il prie… mais il est perdu. Il cherche son cœur, sa paix, sa certitude, il cherche son âme !
Et c’est là que commence le voyage de la purification : le moment où l’on dit…
« J’ai retrouvé mon cœur. »
On rapporte qu’un homme pieux, parmi les ascètes, quitta un jour la ville pour se retirer dans le désert, afin de se recentrer et méditer. Il resta des jours en répétant :
« J’ai perdu mon cœur ! Je ne le retrouve pas ! »
Il sentait que son cœur s’était endurci, que la lumière de la foi s’était estompée, et que le goût de l’adoration avait disparu.
Un soir, il rentra chez lui abattu. Et alors qu’il était assis, un petit enfant frappa doucement à la porte, appelant :
« Maman, ouvre… je suis ton fils ! Ne me laisse pas seul dans cette obscurité ! »
À l’écoute de cette voix innocente, le cœur du pieux homme trembla… Il fondit en larmes et s’écria :
« J’ai retrouvé mon cœur ! Il était là… devant cette porte. »
L’imam Ibn al-Qayyim rapporte dans Ighâthat al-Lahfân, d’après son maître Ibn Taymiyya :
« Ne fais pas de ton cœur une éponge qui absorbe toutes les ambiguïtés, mais fais-en un verre transparent : la suspicion passe à sa surface sans y entrer, et la lumière de la vérité la traverse. »
Combien de cœurs se sont perdus dans les doutes, les insinuations, les polémiques des réseaux sociaux, les paroles inutiles et les conflits !
Le cœur qui n’est pas purifié par le dhikr, le savoir, la compagnie des pieux, devient une éponge absorbant toute fumée… et se noie dans le vacarme du monde.
Le Prophète ﷺ a dit :
« Allah déteste pour vous : les ragots, les questions futiles et le gaspillage des biens. »
Rapporté par al-Bukhârî
Et l’on dit :
« Les ragots et les cancans sont un marécage chaotique : en sortir est déjà une immense victoire, inestimable. »
Alors, protégeons nos langues, purifions nos âmes, recherchons les moments de solitude avec le Coran, les larmes à l’aube, les cercles de science. C’est là que les cœurs se retrouvent.
L’un des pieux a dit :
« Je n’ai jamais soigné une chose aussi difficile que mon intention… Elle me changeait sans cesse. »
Oui, l’intention, chers frères et sœurs, est le premier champ du combat intérieur.
Et l’imam al-Fuḍayl ibn ‘Iyāḍ a dit :
« Délaisser une œuvre pour les gens est de l’ostentation, l’accomplir pour eux est du polythéisme. La sincérité, c’est qu’Allah te protège de l’un et de l’autre. »
L’imam Shu‘ayb ibn Ḥarb raconte :
« J’ai vu al-Fuḍayl ibn ‘Iyāḍ faire le tawâf autour de la Ka‘ba, et je l’observais intensément. Il s’est retourné vers moi et dit :
Ô Shu‘ayb, ne te laisse pas tromper par cette foule… Si tu peux ne pas être connu, fais-le ! Et tout bien qui te vient, accepte-le. Mais ce bas-monde, évite-le autant que tu peux.’ »
Voilà l’attitude des pieux : fuir la notoriété, craindre les regards, ne vouloir que le regard d’Allah.
Car ils avaient trouvé leur cœur… dans l’humilité et la discrétion.
Le pieux Wahb ibn Munabbih disait :
« Quarante ans, c’est la limite à partir de laquelle l’excuse disparaît devant Allah. »
Et Masrûq disait :
« Quand l’un d’entre vous atteint quarante ans, qu’il prenne garde à Allah ! »
Et dans le hadith authentique :
« Allah n’a plus d’excuse envers celui à qui Il a prolongé la vie jusqu’à soixante ans. »
al-Bukhârî
Avons-nous atteint cet âge ?
Savons-nous que chaque souffle est un test ? Que chaque bienfait est une épreuve ?
Chers frères et sœurs,
Le prédicateur, l’imam, le responsable… vit entre deux montagnes :
- Le service des gens
- Et les épreuves des sincères
Il se peut qu’on lui reproche une action faite avec une intention pure, qu’il soit blâmé par les plus proches, alors qu’il ne voulait que du bien…
Mais son cœur dit :
« Ô mon Seigneur, Tu sais ce qu’il y a au fond de moi… Et les fidèles qui prient derrière moi savent ce que j’ai offert pendant des années, entre le miḥrâb, le minbar, les larmes et les invocations… »
Alors ne délaissez pas les gens de service dans les moments d’erreur non voulue.
Ne les jugez pas trop vite. Nous sommes tous fils d’Adam. Et les cœurs sont entre les doigts du Tout-Miséricordieux.
Un homme pieux, chaque fois qu’il traversait une épreuve, disait :
« Le Propriétaire agit dans Ses biens… Il est Sage, Il ne fait rien inutilement. La terre est à Lui, nous sommes Ses serviteurs… Qu’Il fasse de nous ce qu’Il veut. Quant à moi, si Dieu le veut, je suis des patients. »
Purifier son âme, c’est le chemin des prophètes, l’épreuve des prédicateurs, et l’espoir des repentants.
Le prophète Shu‘ayb disait à son peuple :
88قَالَ يَٰقَوْمِ أَرَءَيْتُمْ إِن كُنتُ عَلَىٰ بَيِّنَةٍۢ مِّن رَّبِّى وَرَزَقَنِى مِنْهُ رِزْقًا حَسَنًۭا ۚ وَمَآ أُرِيدُ أَنْ أُخَالِفَكُمْ إِلَىٰ مَآ أَنْهَىٰكُمْ عَنْهُ ۚ إِنْ أُرِيدُ إِلَّا ٱلْإِصْلَٰحَ مَا ٱسْتَطَعْتُ ۚ وَمَا تَوْفِيقِىٓ إِلَّا بِٱللَّهِ ۚ عَلَيْهِ تَوَكَّلْتُ وَإِلَيْهِ أُنِيبُ
Il dit: «O mon peuple, voyez-vous si je me base sur une preuve évidente émanant de mon Seigneur, et s'Il m'attribue de Sa part une excellente donation?... Je ne veux nullement faire ce que je vous interdis. Je ne veux que la réforme, autant que je le puis. Et ma réussite ne dépend que d'Allah. En Lui je place ma confiance, et c'est vers Lui que je reviens repentant.
Toi qui as perdu ton cœur…
Toi que la négligence a alourdi…
Toi que les paroles ont épuisé…
Reviens à Allah, et dis :
« Ô Allah, rends-moi mon cœur… »