Rocher au milieu du désert

L’Ascension dans la Bible et dans l’Islam : une comparaison mystique et symbolique


Le jour de l'Ascension est férié en France depuis 1801, une décision prise sous Napoléon Bonaparte. Il s'agit d'un férié mouvant d'une année sur l'autre. Sa date est en effet fixé 40 jours après le dimanche de Pâques et cette année, elle tombe le jeudi 29 mai 2025.

L’ascension est un thème commun aux deux grandes religions monothéistes que sont le christianisme et l’islam, mais elle y revêt des formes et des significations très différentes. Dans chaque tradition, elle traduit une rencontre entre le monde terrestre et le Divin, une élévation, à la fois physique et spirituelle, d’un prophète vers Dieu. Toutefois, le sens profond de cette montée révèle des visions théologiques distinctes et des messages symboliques particuliers.

Dans le christianisme, l’Ascension du Christ est un moment décisif du récit biblique. Après sa résurrection, Jésus reste quarante jours parmi ses disciples, puis s’élève au ciel sous leurs yeux, comme le rapportent les Actes des Apôtres et les Évangiles. Cet événement n’est pas simplement spectaculaire : il est porteur d’un sens mystique et théologique profond. L’Ascension symbolise sa glorification, sa victoire sur la mort, et annonce sa promesse : « Il reviendra comme il est monté ». Elle ouvre aussi une nouvelle ère : celle de l’Église, guidée par l’Esprit Saint. Mystiquement, elle représente l’espérance chrétienne de la résurrection et l’élévation de l’humanité vers Dieu par le Christ.

Dans l’islam, l’événement correspondant est le Voyage nocturne et l’Ascension (al-Isrāʾ wa-l-Miʿrāj), évoqué dans le Coran (sourate 17:1) et détaillé dans les hadiths. Une nuit, le prophète Muhammad est transporté de la mosquée sacrée de La Mecque jusqu’à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, puis élevé à travers les sept cieux jusqu’à la présence divine. Au cours de ce voyage céleste, il rencontre plusieurs prophètes comme Adam, Moïse, et Jésus, avant d’atteindre un lieu que même l’ange Gabriel ne peut dépasser : le Sidrat al-Muntahā, la limite ultime. Cet événement mystique souligne la dignité spirituelle du Prophète, sans pour autant lui conférer une nature divine. Dieu reste totalement transcendant dans l’islam, et Muhammad demeure un serviteur. Symboliquement, cette ascension est aussi le moment où la prière rituelle (salat) est instituée, marquant un lien direct entre l’expérience céleste et la vie quotidienne du croyant. Les mystiques musulmans, en particulier les soufis, y voient un modèle du voyage intérieur de l’âme vers Dieu, par la foi, la prière, et la purification.

Ainsi, bien que les deux ascensions expriment une montée vers le divin, elles traduisent des visions très différentes. Dans le christianisme, Jésus monte au ciel accomplissant la rédemption et inaugurant l’espérance du salut. Dans l’islam, Muhammad est élevé spirituellement par Dieu, non pour être divinisé, mais pour servir d’exemple suprême de proximité avec Dieu. L’une souligne l’union avec Dieu ; l’autre insiste sur la grandeur du serviteur fidèle.

En somme, l’Ascension et le Miʿrāj, tout en empruntant des images similaires d’élévation, illustrent la richesse et la profondeur de deux approches spirituelles du rapport entre l’homme et le Divin.